Portrait – Farid Oudjoudi

22 Nov 2020

Farid Oudjoudi a 28 ans. Il fréquente la salle S.P.O.R.T depuis  son ouverture en mars 2019. Il était le pilote officiel du trike ANTS (équipe ENS de Lyon) lors du dernier Cybathlon, remplaçant au pied levé Matthias Bellino indisponible.

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Comment as-tu connu la salle S.P.O.R.T ?

Comme beaucoup de monde : grâce à un article dans la presse locale (merci Le Progrès !) mais surtout grâce à Sebastien Matéo, kinésithérapeute au centre de rééducation Henry Gabrielle. (NDLR : d’autres de nos adhérents sont également passés entre ses mains et ont ensuite rejoint la salle S.P.O.R.T)

Venir s’entraîner à la salle S.P.O.R.T c’est une libération ! Il y a un autre esprit, une autre vision du handicap, plus optimiste : ici on récupère un peu des fonctions qu’on a perdues. On se conseille mutuellement. On est là pour progresser. On gagne en autonomie, on récupère des petites forces résiduelles. On voit ses muscles bouger alors que depuis des années ils étaient inanimés. Aujourd’hui mes transferts sont plus faciles. J’ai gagné en autonomie. Et mentalement, ça fait un bien fou.

Tu es devenu tétraplégique à l’adolescence…

Oui, à 17 ans, à la suite d’un bête accident de plongeon sur le sable pendant les vacances d’été familiales en Algérie. J’ai passé 10 mois d’hôpital et de rééducation, notamment à Henry Gabrielle. L’association l’école à l’hôpital m’a aidé à garder l’envie de faire des études. J’ai perdu un an, certes, mais j’ai repris mes études dans le même lycée à Bron, avec une AVS (aide de vie scolaire). En 2012 j’ai eu mon bac, et mon permis de conduire dans la foulée ! (Sourire)
Ensuite j’ai pris une année de pause, pour me concentrer sur ma rééducation : j’ai passé 3 mois et demi au Normandy, à Granville, un centre qui a une autre vision de la médecine et de la rééducation.
Et j’ai repris mes études l’année suivante à La Martinière Duchère et obtenu mon BTS en 2015.

Tu es jeune, en fauteuil, comment ça s’est passé pour tes recherches d’emploi ?

Même en informatique, avec un diplôme, ce n’est pas facile de trouver du travail. Dans un premier temps, j’ai été tenté par la fonction publique; j’ai réussi du premier coup le concours de technicien informatique pour la police scientifique (il y a un grand centre à Lyon). J’étais heureux et fier.
Et puis il y a eu une succession de visites médicales pas très encourageantes / assez discriminantes envers mon handicap : j’avais le concours certes, mais ce n’était pas gagné … Puisqu’on ne voulait pas me donner de poste, j’ai alors décidé (soutenu par ma femme, épousée en 2018) de créer mon propre poste et de me lancer. Je suis devenu, en juin dernier, auto-entrepreneur, en informatique.

Là encore je pense que les bienfaits positifs de l’entraînement sportif régulier y sont pour quelque chose. J’ai vraiment gagné confiance en moi.

Parlons du soutien de toute ta famille, toi qui est l’avant-dernier d’une fratrie de 7 …

Depuis le début de mon handicap je suis très entouré par ma famille et toujours soutenu par les miens, comme on dit « lorsque la santé n’est plus là, il reste la famille ». Parents, frère et sœurs (6 tout de même) et épouse m’ont toujours poussé à me surpasser et à avancer malgré mon handicap et toutes les difficultés engendrées. Sans eux, je n’aurais certainement pas accompli tout ce que j’ai réussi aujourd’hui, ils m’ont en quelque sorte sauvé la vie !

« La salle S.P.O.R.T, c’est une libération ! »